Comment faire pousser sa propre Artemisia Annua ?
Hello les jardiniers en herbe ! Vous avez peut-être déjà entendu parler de cette plante magique durant la crise du COVID-19. J’en parlais déjà dès le deuxième article du blog ! Personnellement, c’est aussi au moment de la crise du covid-19 que j’ai appris son existence. Hé oui, je ne suis pas un expert, hein… La vie est une expérience et une découverte permanente 🙂 J’aimerai vous en parler en détail aujourd’hui, car je l’ai faite pousser à la maison.
D’où est originaire l’artemisia annua ?
L’artemisia Annua est originaire de Chine. C’est une plante de la famille des armoises (+ de 200 espèces), elle-même sous-partie des Astéracées. Vaste famille…
Contrairement à ses cousines plus connues comme l’absinthe ou encore l’armoise commune, l’artemisia annua est comme son nom l’indique, annuelle, donc accomplit son cycle de vie en une année, puis meurt. En toute logique, c’est l’hiver qui finira par la tuer avec le gel.
On la cultive aujourd’hui de plus en plus, partout dans le monde, pour ses propriétés médicinales.
L’intérêt médicinal de l’artemisia annua
Si je vous dis qu’elle permet de lutter efficacement contre :
- le paludisme (malaria)
- certains cancers comme celui du sein ou les leucémies
- Bilharziose (maladie provoquée par un ver tropical)
- de nombreuses maladies infectieuses
- le covid-19
- etc.
Vous trouverez sur le site biologiquement.com une liste plus exhaustive de ses bienfaits ainsi que les molécules actives qui la rendent si puissante.
La plante est connue pour un effet détoxifiant, anti-inflammatoire, ainsi que stimulateur du système immunitaire. Elle est également réputée antifongique, antibactérienne et antiparasitaire. On l’utilise depuis longtemps sur un large spectre de maladies… en tout cas en Asie. L’Occident et sa médecine symptomatique semble encore traîner des pieds à reconnaitre son utilité. Mais après tout, qu’importe ! Chacun est libre de se soigner comme il l’entend. L’important, c’est de savoir ce que l’on fait.
Regardez ce documentaires sur le traitement du paludisme avec l’artemisia, vous comprendrez qu’elle se montre plus efficace encore que des molécules synthétiques vendues par l’industrie pharmaceutique, et cela sans effets secondaires :
L’artemisia annua contre le covid-19 ?
Pourquoi donc m’a pris subitement cette idée de cultiver l’artemisia annua ? Je dois bien l’avouer : pour ses effets potentiels contre le couillonavirus covid-19. Un homme prévoyant en vaut deux. Pour le moment, pas de preuve irréfutable de son utilité sur les malades ou juste de gros soupçons. Vous pouvez l’utiliser en préventif en attendant…
- l’artemisia annua s’est révélée efficace sur le SARS-CoV-1, proche génétiquement du covid-19
- l’artemisinine isolée montre une action antivirale
- la synergie des molécules d’une plante est toujours plus efficace qu’une molécule isolée, aussi efficace et aussi intéressante soit-elle…
- vous faites encore confiance à Big pharma pour gérer une situation de crise ? ou à une plante utilisée en médecine chinoise depuis… plusieurs millénaires ?
- vous comptez vraiment vous faire inoculer un vaccin d’apprentis-sorciers ? ne restez pas sur ce blog alors…
Au delà de cette pseudo crise sanitaire, pour beaucoup grossie par ceux qui gouvernent, je trouve qu’il est très important pour tout homme ou femme libre d’apprendre à connaître les plantes qui soignent, et bien sûr à les cultiver, même si elles n’ont pas forcément une réponse à tout les problèmes. L’artemisia fait partie des plantes médicinales plus intéressantes au vu du contexte actuel. Et puis un jour, au rythme où vont les choses, peut-être que hélas le paludisme arrivera chez nous… autant apprendre à cultiver cette merveilleuse plante d’ici-là 😉
Quelques sites pour en savoir plus :
- sur alternativi.fr : artemisia annua, quels sont les bienfaits de cette plante médicinale ?
- article sur altheaprovence.com
- l’artemisia annua testée contre le covid-19 sur plantes-et-sante.fr
Une thèse en 2008 sur l’artémisinine
J’ai trouvé en fouillant sur le net une thèse de médecine datant de 2008, intitulée L’artemisinine et ses dérivés : apports de la médecine traditionnelle chinoise dans la lutte contre le paludisme chimioresistant et perspectives contemporaines, par Alexandre SANNER.
Vous pouvez retrouver ce même document sur le blog, au cas où la source disparaitrait mystérieusement… Je ne l’ai pas lue dans le détail, je vous donne le lien si ça vous intéresse. On y apprend pas mal de choses sur la plante. C’est toujours bon à prendre !
Légalité
La plante est interdite à la vente en plant à repiquer. Mon Dieu !
Déjà, c’est louche car il ne s’agit pas d’une plante psychotrope. Elle n’est pas toxique, ne vous défonce pas, ne vous rends pas malade, etc. Bien au contraire. On se demande bien pourquoi elle est interdite… comme par hasard, n’est-ce pas ? Officiellement, elle n’est pas répertoriée dans la listes des plantes de la pharmacopée. C’est la raison officielle.
Bon allez, on va pas s’éterniser en suspense : Big Pharma y voit une menace sérieuse pour ses bénéfices ! On ne touche pas au business de la malaria… Imaginez que des millions de gens en produisent chez eux… et soient en capacité de se soigner ! Mais c’est horrible ! (pour l’industrie)
Vous êtes libres de la cultiver chez vous !
En revanche, il est parfaitement légal, et très facile de se procurer des graines à faire lever soi-même et de cultiver ainsi ses propres plantes. Vous pouvez en trouver par exemple chez Kokopelli, c’est là que je me les suis procuré. Pour les gens qui adhèrent à l’association – c’est un acte militant et utile – vous ne les paierez que 2,90 € au lieur de 3,40€. N’oubliez pas où sont vos intérêts et le bien commun, les amis 😉
L’artemmisia annua a mis quelques semaines à germer sous abri. J’avais déjà prélevé des plantules plusieurs fois avant de prendre la photo.
Bon, je ne vais pas vous cacher qu’il est un peu tard, en septembre, en France métropolitaine pour vous lancer dans ce semis… l’automne approche. J’aurai dû écrire cet article au début du printemps, mais voila, c’est comme ça… Vous pourrez prendre de l’avance pour l’année prochaine 😉
En revanche, pour nos amis de La Réunion, d’outre-mer, des îles lointaines et chaudes/douces, vous aurez tout le loisir de vous préparer et de l’installer chez vous !
Ma petite production au jardin
Pour cultiver de l’artemisia directement chez vous, dans votre jardin ou sur le balcon, je vais vous relater comment j’ai procédé. Ma méthode peut varier avec ce que vous trouverez par-ci par-là, car je fonctionne à l’instinct. C’est aussi ça le jardinage : de l’adaptation et de l’improvisation 😉 Je ne prétends pas que ce soit la meilleure façon de faire, et ça dépend aussi certainement beaucoup du climat local. Je précise aussi que j’habite en France sous un climat semi-continental.
Les conditions météo jouent de manière importante pour la culture de cette plante. Il semble que par exemple qu’en Afrique, ce ne soit pas aussi simple de la cultiver… Pour que l’artemisia annua s’épanouisse, il lui faut des conditions particulières :
- de l’eau en quantité suffisante (la plante n’aime pas la sécheresse prolongée)
- beaucoup de soleil
- un espace suffisant si vous la plantez en pot
- une terre pas trop pourrie, même si la plante n’est pas parmi les plus gourmandes
Regardez-moi cette plantation. Une merveille. Je vais presque passer pour un trafiquant moi (lol). C’est vrai que quand on y connait rien, certains idiots y verraient bien de la beuh ! Mais non, rien à voir.
Le semis – comment j’ai procédé
J’ai en ce qui me concerne utilisé une mini-serre achetée 12€ en jardinerie. Pour certains cela fait cher et je le comprends. Vous pouvez très bien réussir aussi avec une bouteille en plastique de 5L (ou plus si vous avez), en la découpant en 2 partie, dans le sens que vous voulez. Prévoir une ouverture pour la ventilation.
Pour semer l’Artemisia Annua, alors… c’est assez facile :
- préparer dans une mini-serre ou un endroit chaud, abrité, mais pas exposé directement au soleil un substrat de terreau mélangé à +/- 50/50 avec du sable
- humidifier abondamment la première fois, sans laisser d’eau stagnante au fond
- mélanger dans un bol vos minuscules graines avec du sable bien sec (pour que ça ne colle pas). Vous pouvez mettre une dose de sable raisonnable si vous avez de la place, c’est peut-être mieux selon moi, car cela vous permettra de disperser les futures plantules, et d’en sacrifier moins lors du tri (pas bête hein!)
- disperser de façon homogène votre mélange sur le substrat de culture. Ne pas recouvrir, ou très peu, car les graines ont besoin de lumière pour germer, sinon rien ne sortira !
- j’ai disposé la serre sur un banc à l’ombre d’un arbre, avec quand-même un peu de soleil qui tombe dessus, le matin en particulier
…mais la germination est un peu longue ! Ah oui, merde. Plusieurs semaines dans mon cas pour réussir à sortir quelque chose, quand-même ! Je n’y croyais plus…
Au début, j’ai cru que tout avait foiré lamentablement. Retourne devant ton ordi, amateur ! Bouh ! Et bien non, un beau jour : miracle ! Des petites plantules ! Olala ! Je n’étais pas sur place à ce moment, pour cause de voyage wwoofing, mais les petites mains gentilles qui s’en sont occupé, m’ont raconté que c’est parti d’un seul coup, quand ça a voulu en somme…
Le substrat doit rester humide
Le côté un peu contraignant vient du fait qu’il faut surveiller quotidiennement les semis, en s’assurant que les graines ne sèchent pas. Il convient d’apporter de l’eau tous les jours en été afin que la terre reste continuellement humide, mais sans eau stagnante. En tout cas moi j’ai fonctionné sans percer le bac et j’ai évacué délicatement l’eau en trop si besoin.
Pour arroser, utilisez (de préférence si vous êtes maladroit) un pulvérisateur tout simple (2€ en jardinerie) avec de l’eau de pluie ou de l’eau minérale, ou encore du robinet qui a attendu 24h, histoire de ne plus avoir de chlore. Comme les graines sont extrêmement fines et légères, si c’est le raz-de-marée dans le bac, elles vont être déplacées et s’agglutiner dans certaines zones, c’est du gâchis car vous devrez encore plus éclaircir les semis. Il faut donc se montrer précautionneux… Personnellement, j’ai arrosé délicatement par petits peu, au moyen d’une bouteille d’eau sans faire le bazar…
L’avantage de la serre, en plus de la chaleur, c’est que l’humidité va se répartir de façon homogène, donc pas la peine de bien arroser partout !
La surveillance des plantules
Je n’ai pas eu besoin de beaucoup désherber avec cette manière de faire, pas beaucoup d’adventices ne se sont aventurées dans la mini-serre et le terreau ne devait pas en avoir. Très peu de pertes parmi les plantules à ma connaissance, on est sur une excellente “rentabilité” avec seulement 1 sachet de 200 graines.
Je me suis contenté d’arroser 1 fois par jour et d’évacuer éventuellement le trop-plein d’eau. J’ai regardé pousser !
Ah oui, j’oubliais : j’ai fait le choix de ne pas éclaircir les semis, afin d’en garder un maximum. Alors peut-être que toutes les graines n’ont pas germé, c’est possible, mais ça n’a pas posé de problèmes particulier, sauf lors de l’extraction en vue de les repiquer. Il faut redoubler de douceur dans ce cas.
Pas de parasites ni de maladies, chez moi en tout cas
Au moment où j’écris ces lignes (début septembre), aucune maladie, insecte ou parasite ne s’est attaqué à mes petites préférées. Coup de bol ou bien c’est juste que là où j’habite il n’y en a pas ? Malgré l’humidité de la serre (avec les trappes ouverte sur le dessus), il n’y a pas eu de moisissures.
Repiquage des jeunes pousses
En quelques semaines, l’artemisia annua est déjà à l’étroit dans la serre ! Il est grand temps de repiquer…
Il commençait à y avoir du monde dans la mini-serre et certains semis ont atteint le plafond. La forêt vierge en somme ! J’ai clairement un peu trop tardé à repiquer, mais heureusement cela n’aura au final pas de conséquences fâcheuses, ouf ! En atteignant le plafond, les plantules vont se tordre, et avec les gouttes sur le plafond, certaines feuilles brunissent… rien d’inquiétant mais c’est à éviter quand-même. N’attendez pas trop si vous travaillez comme moi. La mini-serre est un lieu de levée des semis, pas de culture. Les plantes se retrouveront vite à l’étroit et de fait, ne pousseront presque plus !
J’ai suivi le conseil de repiquer les plus belles plantules à partir du stade 6-8 feuilles et cela marche bien, même très bien. J’ai été agréablement étonné de la facilité de la reprise. Je n’ai eu d’ailleurs aucunes pertes aux repiquages, c’est dire si je n’en revenais pas…
Question repiquage, l’artemisia annua se montre assez robuste et tolère d’être un peu malmenée ! En revanche la plante semble encore fragile à ce stade et mieux vaut ne pas la saisir par la tige et encore moins les feuilles.
déterrage d’une plantule d’artemisia annua depuis le fond de la mini-serre. Idéalement je coupe une belle “part de gâteau” pour préserver un maximum de racines. Ici je n’en suis pas au premier prélèvement.
Pour ce faire, utilisez une cuillère par exemple pour extraire proprement une à une les plus belles plantules : les plus droites, feuillues, vigoureuses. Essayez de prélever si possible un bon petit cube de terre histoire de ne pas trop brutaliser la plante. Cela facilitera la reprise. Rebouchez au passage le trou avec du terreau, pas la peine de refaire un mélange avec du sable.
Voici à quoi ressemble une plantule d’artemisia bien développée et pas trop mal découpée. Je préserve autant que possible ses voisines. Belles racines déjà !
Rempoter chaque plantule dans un pot plus ou moins gros, à votre convenance, suivant ce que vous comptez en faire prochainement. Les petits pots c’est bien pour gagner de la place et redistribuer aux copains, mais il faudra rempoter tôt ou tard. Dans un grand, comme je l’expliquais dans mon article sur le jardin en pots, la plante se desséchera moins vite… c’est un énorme avantage. Et plus elle a de place, plus elle grandit. Surveillez régulièrement les racines : si elles débordent beaucoup, c’est qu’il est temps de lui offrir un logis plus spacieux.
Pour ceux qui n’ont pas la main verte, voici comment j’ai procédé :
- remplissez aux 3/4 de terreau le pot
- arrosez abondement et attendez que ça pénètre bien
- déposez délicatement la plantule en la tenant par le bloc de racines (la part de brownie si vous découpez comme un pro), faites un petit trou dans le terreau au besoin pour la stabiliser
- remplissez presque au raz du pot avec du terreau en laissant 1cm. Pour ma part, j’ai à peine recouvert au collet. N’enterrez pas de feuilles
- arrosez de nouveau doucement, tassez délicatement avec les doigts la terre autours de la plantule pour éviter que les racines ne se retrouvent à l’air. Remettez un tout petit peu de terreau au besoin pour faire joli
- c’est prêt ! placez votre artemisia annua au soleil et surveillez qu’elle ne sèche pas !
7 plantules d’artemisia annua ont été repiquées début septembre. Ce n’était pas le premier prélèvement.
Cette plante aura du mal à pousser si elle manque d’eau, en tout cas au début. Elle se révèle beaucoup plus tolérante par la suite. Pour ses premiers jours, veillez à l’arroser régulièrement en fonction de l’ensoleillement et des températures. Ne laissez pas d’eau stagnante, donc attention à surveiller si vous disposez une coupelle en dessous.
Facile à produire, sécher et stocker
La production d’Artemisia Annua est en fait assez facile. Son séchage l’est aussi. Vous savez comment on fait ? Comme avec la plupart des plantes aromatiques : sur des clayettes en bois. Vous pouvez trouver facilement et gratuitement des plans sur internet pour en fabriquer par vous-même. Sinon vous pouvez utiliser tout bêtement des draps ou des cagettes, pour faire plus simple. Bien aérer pour un séchage sans moisissures.
Une autre technique consiste à la laisser sécher accrochée la tête en bas. C’est personnellement la méthode que j’utilise, assez pratique et ça marche bien. Par contre dans mon cas cela a été un peu long : une bonne semaine pour la faire sécher à l’intérieur en automne.
La petite subtilité viendrait, paraît-il, du fait que contrairement aux autre aromatiques récoltées qu’il faut préserver de la lumière, en laissant sécher au soleil l’artemisia annua, ses principes actifs augmenteraient ! (mais vous pouvez tout aussi bien la laisser à l’ombre, c’est ce que j’ai fait par précaution)
Si vous souhaitez en apprendre davantage sur le séchage, n’hésitez pas à regarder la vidéo explicative Artemisia Annua 2 : Récolte des graines et utilisation de la plante avec Raphaël Colicci
L’heure de la récolte !
Il n’y a pas grand chose à dire concernant le moment de la récolte. Selon Raphaël Colicci, le mieux est de couper la plante en bas de sa tige principale, au moment où la floraison s’épanouit, ou même un peu avant. C’est à ce moment que la concentration en artémisinine sera maximale.
Début octobre, l’artémisia annua est tout à fait prête à être récoltée. Je dirai même que j’ai un peu tardé ! Suivant votre plantation, vous pouvez récolter dès le mois de septembre.
Comment l’utiliser ?
En tisane, c’est le plus simple ! Elle sera plus puissante utilisée fraîche.
- découpez votre artemisia annua entière (feuilles + sommités fleuries + branches + tige) en morceaux et mettez-là en sachet spécial thé, ou alors… laissez un morceau de plante entier, à votre convenance
- faites chauffer l’eau jusqu’à ébullition dans une casserole
- jetez votre artemisia annua dans l’eau bouillante, ne la laissez que quelques secondes à ébullition, et pas plus de 1 minute (sinon vous dégradez les principes actifs).
- coupez le feu
- mettre un couvercle et laisser infuser 10-15 minutes. Une odeur agréable se dégage et l’eau se colore en jaune.
Quelques petits plants d’artemisia annua qui n’ont pas beaucoup poussé, mais arrivés quand-même en fleurs, serviront de cobayes pour la dégustation
L’artémisia annua peut tout à fait se préparer en sachet, même coupée fraîche, pour l’heure de la pause !
Je plonge le sachet d’artemisia 30 secondes dans de l’eau frémissante, puis je coupe le feu et la laisse infuser durant 10-15 minutes
Dégustation : parlons du goût !
Quel goût a donc cette fameuse artemisia annua ? Sans me situer parmi les plus fins palais, je dirai que l’on semble reconnaitre :
- des arômes de sapins, conifères
- cela me fait penser à l’odeur laissée par l’huile essentielle d’arbre à thé…
- quelque chose qui ressemble à une saveur subtile de pomme…
- un petit goût de cannelle
- après consommation, une légère amertume (peut-être trop infusée?)
J’ai pour le moment testé la plante fraîche, cultivée en pot avec du terreau de jardinerie, pH légèrement acide (6,5). Elle n’a jamais manqué d’eau. Je présume que la répartition des principes actifs dépend en partie de son mode de culture, de la maturité au moment de la coupe, ainsi que du terroir… Vous n’obtiendrez pas forcément exactement les mêmes arômes que moi ! En tout cas, je valide que la plante est très agréable à consommer en tisane 😉
N’hésitez pas à me faire savoir ce que vous pensez de son goût !
Comment évoluent les plants d’artemisia annua à l’automne ?
Sans suspense : cette plante meurt à l’automne car son cycle de vie est terminé. Une fois la floraison épanouie, la plante ne se consacre plus qu’à la production des graines, qui se dissémineront par le vent. Elle se transforme et devient moins jolie durant ce processus. Le stade végétatif se prolonge jusqu’à la mort de la plante. Je la laisse en place pour l’hiver, pour voir combien de temps elle se maintient debout… et qu’elle dissémine ses graines.
L’artémisia annua termine en automne son cycle de vie annuel. À la mi-novembre, la plante a perdu ses belles et douces feuilles vertes au profit d’une floraison jaune dorée arrivée à terme. Celle-ci est cultivée en pleine terre et ne sera pas récoltée.
Un autre pieds, cultivé en pot et planté tardivement, d’où sa petite taille. Lui aussi ne sera pas récolté car son stade d’évolution est arrivé aux graines. Une petite plantule (plantée au même moment) pousse à son pied, je ne pense pas qu’elle passera l’hiver.
J’ai fait le choix pour cette année de ne pas récolter les minuscules graines… par pure flemme, mais aussi pour voir si l’année prochaine, celles qui sont logiquement tombées au sol donneront quelque chose ! Eh oui, il faut tenter !
Il me reste en novembre 2-3 minuscules plantules qui ont décidé de pousser très tardivement dans la mini-serre… et qui ne sont pas montées en fleurs. Je les garde pour faire un test, on verra si elles survivent au gel et redémarrent au printemps, qui sait…
Que faire des graines ?
Les graines d’artemisia annua sont véritablement minuscules et très légères. Elles sont produites en grand nombre et se dissémineront un peu partout si vous laissez la nature faire son œuvre. Vous pouvez les récupérer avant qu’elles ne tombent d’elles-mêmes, pour les semis de l’année prochaine ! Disposez un drap de couleur sombre au sol puis secouez la plante doucement. Comme expliqué précédemment, j’ai totalement délaissé l’idée de ramasser les graines. N’oubliez pas d’en distribuer autour de vous si vous le faites 😉
Dernière étape : la conservation
La toute dernière étape de cette aventure pour 2020 est le conditionnement de l’artémisia en vue de sa conservation. Comme expliqué précédemment, il est préférable de couper la tige de la plante en entier, juste avant ou encore pendant l’éclosion des fleurs. (Passé ce stade, la qualité médicinale se dégrade, notamment par la baisse de l’artémisinine)
Je l’ai faite sécher telle quelle, lentement, la tête en bas, pendant 2 semaines, les pieds accrochés avec du raphia, à l’abri de la lumière directe. La tige perd beaucoup de poids et les feuilles brunissent par endroits, c’est tout à fait normal.
Il vous faudra vous munir d’une bonne paire de ciseaux et de beaucoup de patience. Je pense que l’on peut gagner énormément de temps en procédant au découpage au moyen d’une sorte de petit broyeur, mais moi avec ma petite production artisanale, je l’ai fait à l’ancienne, avec mes ciseaux 😉 Et le broyeur pourrait faire perdre un peu en qualité du fait de l’échauffement… à vous de voir selon votre production !
Deux jolis plants d’artemisia annua après un séchage de deux semaines la tête en bas. Prêts à se faire mettre en morceaux !
J’ai retiré les éléments les plus moches, vraiment tout bruns foncés et pas très tentants. Je me suis montré relativement conservateur en laissant les parties brunes qui sentent, il faut le reconnaître, encore bon. Je vous conseille de procéder comme moi, au dessus d’un saladier, car vous risquez d’en envoyer partout et de devoir passer le balais ensuite (ce qui est inévitable en réalité). Coupez toutes les parties en petits morceaux, ce qui rendra facile la mise en sachet pour la conservation ou dans le sachet à tisane.
En ce qui concerne la tige, elle peut se montrer retord, mais ne la gâchez pas car elle contribue au totum de la plante, c’est-à-dire l’ensemble des principes actifs d’une plante médicinale que l’on utilise en phytothérapie. En ce qui concerne l’artemisia annua, le totum concerne toutes les parties aériennes : fleurs, feuilles et tige. Astuce pour découper la tige principale : faire des incisions puis casser avec les doigts, ça viendra tout seul.
Au bout de presque une heure d’un combat intense, voici le résultat :
Voici le produit fini, résultat d’un “long” labeur 🙂 Je viens de terminer de découper l’artemisia annua en petits morceaux à l’aide d’une paire de ciseaux.
Je m’avoue assez satisfait… ne reste plus qu’à la mettre en pot, ou en sachet selon votre convenance, à l’abri de la lumière et de l’humidité. Elle pourra ainsi logiquement se conserver plusieurs mois voire années.
Toxicité & Interactions médicamenteuses
L’artemisia Annua n’a pas de toxicité connue. Elle n’a pas d’effets secondaires notables. On trouve quelques indications sur le site de Kokopelli :
Environ un quart des patients ayant recours à l’Artemisia annua, pour traiter leur paludisme, ont rapporté de légères nausées et parfois des acouphènes, des étourdissements et de légères douleurs abdominales. Ces symptômes disparaissent à la fin du traitement ponctuel.
L’Artemisia annua s’avère un allié médicinal très puissant de l’espèce humaine mais qu’il faut, néanmoins, apprivoiser – en particulier lorsque des traitements de longue durée sont envisagés avec de fortes concentrations de la plante. Comme toutes les autres Artemisia qui sont les plantes d’Artemis, la Déesse des Païens et la Mère des Sorcières, l’Artemisia annua est, pour l’espèce humaine, de la pure dynamique médicinale – pour ne pas dire de la pure dynamite médicinale à faire exploser au cœur de la Mafia Pharmaceutique.
En revanche, je ne sais pas si elle pourrait éventuellement interférer avec certains traitements médicamenteux, à vous de vous renseigner… Comme je vous l’ai déjà dit, je n’ai aucun diplôme médical. Et par ailleurs je n’ai aucune idée si l’artémisia annua peut interagir (ou non) avec certain médicaments. C’est pourquoi, si vous suivez un traitement particulier, je n’ai sincèrement aucune idée si elle pourrait interagir et réduire l’efficacité de vos médocs. Hé oui. Je ne dis pas seulement ça pour me couvrir. Je me pose aussi la question, car elle est foncièrement intéressante. Faire l’usage d’une plante médicinale, cela veut dire beaucoup de molécules en synergie et beaucoup d’interactions.
Mon intuition me dit (et je peux me tromper, au moins en partie…) que de manière générale, les plantes vous protègent des médicaments, ou plutôt de leurs effets délétères, comme ceux des chimiothérapies (cas extrême certes). Du coup, je vous encourage à vous renseigner par vous-même sur les interactions potentielles avec la plante. En l’absence de traitement médicamenteux, vous ne risquez rien !
Ma conclusion pour 2020
Ma toute première culture d’Artemisia Annua est une réussite, malgré un planning pas très bien géré et une difficulté au levage des semis. Cette plante pousse relativement bien l’été et même jusqu’en début d’automne (fin septembre, octobre). L’automne arrivant avec ses nuits plus fraîches, elle n’a pas l’air de souffrir et s’acclimate bien au climat semi-continental de la région. En pot ou en pleine terre, peu importe ! Plante peu gourmande en nutriments, l‘important est surtout de lui offrir une excellente exposition au soleil.
La seule contrainte réside dans les semis : les plantules sont relativement longs à sortir de terre (quelques semaines) et il est nécessaire de surveiller quotidiennement contre le manque d’eau les premières semaines. Il aurait été préférable de semer dès le mois de mars en intérieur. Au lieu de cela, les semis ont été lancé tardivement, en juin, ce qui n’a pas permis un développement optimum. Cependant, les résultats sont quand-même là et j’ai pu récolter une petite récolte sympathique tout en me faisant une première expérience avec l’artemisia annua 😉
J’espère qu’au travers de mon retour d’expérience, je vous ai donné l’envie de passer vous aussi à l’action ! Dites-moi en commentaire si vous en planterez pour 2021 🙂
L’artemisia annua peut grandir rapidement si les conditions optimales sont remplies : chaleur, soleil généreux, apports en eau suffisants et un pot assez grand pour ses longues racines.
Liens importants à consulter pour approfondir le sujet
- Pour en apprendre davantage sur l’artemisia annua, n’hésiter pas à consulter le dossier spécial sur le site de kokopelli. Vous y apprendez beaucoup de choses !
- un article sur les armoises, fort intéressant chez promesse de fleurs
- La Maison de l’Artemisia est une association humanitaire française de lutte contre le paludisme par les Artemisia annua et afra, à destination des populations les plus vulnérables du Sud
- La vie rebelle propose des ressources scientifiques sur les bienfaits de l’artemisia annua.
Bonjour, je vous remercie pour tout les conseils que vous donnez, mais j’aimerai savoir si vous vendez de l’Artemisia pour faire des tisanes. J’ai commander des graines à Kokopelli, mais ils ne vendent pas plantes sèches. Pouvez-vous me répondre .Merci
Bonjour, merci pour votre commentaire. J’ai une toute petite production destinée uniquement à ma propre consommation. En revanche vous pouvez en trouver auprès d’herboristeries (boutiques en ligne)
Bonne journée!
Quel bon article ! Merci. C’est concret, pratique, complet (cycle annuel et utilisations), expérimenté, et ça donne l’envie et les moyens de se lancer. Je m’y mets !
Article super intéressant et complet. J’ai commandé des graines sur un autre site “laboratoire biologiquement”. Je suis en expatriation au Gabon, je compte prochainement tenté l’expérience . A priori ca marche très bien comme traitement. le palu au gabon fait actuellement des ravages et semble être de plus en résistant au médicament , c’est donc peut être la solution pour un traitement de fond.
merci encore pour cette article
Merci Camillieri pour ton commentaire 🙂
L’artemisia annua contient de nombreuses molécules antiparasitaires, antibactériennes, antivirales à large spectre. La puissance de la plante tient pour beaucoup à la synergie des molécules, c’est pourquoi le Plasmodium du palu ne peut pas y résister. C’est certainement vrai pour plein d’autres maladies également.
En Afrique, tu auras certainement aussi l’occasion de cultiver l’artemisia afra… n’hésites pas à revenir en parler ici ! Au plaisir et bonnes expériences !