Mon jardin d’aromatiques en pots
Il était une fois… un jardin de plantes aromatiques !
L’article que vous vous apprêtez à lire me touche particulièrement, forcément, car il parle d’une partie de ma vie. Je vais donc vous raconter mon histoire… ah euh non, j’en ai pas envie en fait, mais plutôt l’histoire de mon jardin d’aromatiques en terrasse… et en pots. C’est l’histoire d’un jardin un peu atypique, qui partait de l’enthousiasme sans bénéficier de toutes les conditions optimales pour s’épanouir.
Mon expérience peut vous intéresser si vous êtes dans le cas d’un jardin urbain en balcon. J’espère que dans tous les cas mon témoignage vous apprendra quelque chose 🙂
Contexte
Pour des raisons professionnelles, je me suis installé début 2015, en région parisienne, plus précisément au sud de Paris, en proche banlieue. Une banlieue assez calme, avec des barres d’immeubles, des pavillons, des jardins, des arbres, quelques parcs fort sympathiques aussi (parc de Sceaux, Vallée aux Loups, etc). Un cadre agréable malgré le fait de se situer en région parisienne.
Un environnement étouffant
Grosse ombre au tableau : la quasi-nécessité de devoir prendre le RER B pour rejoindre mon travail sur Paris. Ceux qui l’ont pris suffisamment longtemps savent de quoi je parle…. cette merde m’a juste traumatisé. Je n’en dirai pas plus, ce n’est pas le sujet !
Paris, même avec de jolis parcs, c’est globalement un univers très urbain, avec essentiellement du gris, mais quelques couleurs aussi. Il faut par soi-même chercher les bons endroits, forcément très prisés, pour respirer un peu.
Ce qui semble paradoxal, c’est que beaucoup de gens souffrent de la vie parisienne, mais ne savent pas s’en détacher pour autant. C’est leur univers, leurs habitudes, leur boulot, leurs amis, etc. Tôt ou tard la plupart finissent par craquer et s’en vont retourner vivre en province. à Paris, les gens sont surtout de passage quelques années, sauf les parisiens de naissance, pour qui l’habitude ferait presque la normalité.
Le rythme : métro, boulot, dodo
On ne va pas se mentir, avec les transports, on passe beaucoup trop de temps en souterrains à l’abri de la lumière et du monde réel. Cette « vie » se révèle usante à la longue, ce système d’exploitation vous aspire petit à petit toute votre énergie vitale. Quand vous vous en rendez compte, il est parfois trop tard. Paris, ville du diable ⒸFrédéricDelavier
Tout cela peut créer à la longue un vrai malaise pour les personnes qui ont grandit en province avec la nature à proximité. Les petites escapades dans les parcs ne suffisent pas à combler le manque.
La routine
Après une journée de travail, lorsque vous sacrifiez en moyenne 2h ou plus par jour dans les transports en commun parisiens, quand vous rentrez enfin après avoir patienté un supplément gratuit d’une heure ou davantage pour cause d’incident voyageur ou de train en panne en pleine voie blablabla… eh bien vous êtes simplement lessivé, essoré, avec la vague impression d’être passé dans une machine à laver.
Où juste le sentiment étouffé qu’on vous vole votre vie ?
Certaines personnes vont directement à la salle de sport se défouler en sortant du taf, j’avoue que c’est bien et que trouver la motivation démontre une force intérieure, ou juste la soupape pour ne pas péter un plomb. D’autres vont boire un coup avec des amis ou courir une session shopping. Pour ma part, je faisais un peu de tout cela en fonction de mon humeur, qui changeait en même temps que l’état de circulation du RER B…
Fatigue, stress, lassitude, désenchantement
Pour dire franchement les choses, à la longue on se rend compte que c’est une vie de merde. Non, ce n’est pas ça la vie, tout simplement ! En rentrant à la maison, certains s’affalent dans le canapé et allument la télé. Cela s’appelle débrancher son cerveau. Se laisser violer l’esprit de la sorte, je trouve que c’est au grand minimum un manque d’ambition, voire un renoncement à l’existence même. Mais nous avons le choix, eh oui, encore faut-il en avoir conscience.
Pour ma part, mon plaisir, mon échappatoire, c’est de tisser un lien avec ce qui manque le plus : le monde végétal, la vie, la vraie. Pour certaines personnes, un jardin est une forme de luxe, mais pour moi c’est juste vital.
Pourquoi créer un jardin urbain ?
La réponse à cette question dépend essentiellement de vous. Quelques raisons simples me viennent à l’esprit :
- vous aimez les fleurs et leurs touches colorées
- embellir son cadre de vie
- masquer la vue chez des voisins
- apporter du vert pour oublier le gris
- se fabriquer un cocon de verdure
- profiter des bonnes énergies et vibrations émises par les plantes (si vous y croyez, mais je pense que c’est vrai)
- les plantes absorbent vos énergies négatives
- admirer votre collection de plantes grasses
- profiter de tomates à déguster pour l’apéro 😉
- agrémenter vos plats d’herbes aromatiques
- etc.
Chacun a ses propres raisons d’organiser un jardinet bien à soi, même sur 3m² de balcon (et moins). Pour ma part, c’était un besoin vital de garder le contact avec le vivant, l’avoir juste là, à portée de main. Survivre à l’hyper-urbain vampire énergétique avec des plantes peut paraître dérisoire, mais je vous assure que c’est efficace 😉 Il y a évidement des raisons profondes à cela. Regardez sur internet ce qu’est le syndrome de manque de nature et vous comprendrez en partie pourquoi les gens deviennent fous dans des agglomérations trop importantes.
Il y a ce plaisir certain à faire pousser le végétal, que partage. Je pense tous les jardiniers, à la ville ou à la campagne. Et cela remonte à loin dans l’histoire de l’humanité. Pour tous les urbains qui rêvent secrètement de leur retour futur à la terre, organiser un jardin, c’est réapprendre petit à petit les bases : connaître les plantes, améliorer ses techniques de cultures, redécouvrir le vrai goût des fraises, etc, sans pour autant devenir résilient, car tout le monde ici a bien conscience qu’il faut bien plus que cela…
Gallerie
Attention ce sont bien sûr mes propres photos, en cas de réutilisation je vous demande de bien vouloir mentionner mon site / cette page… merci !
L’emplacement en question
Situation du jardin
Le jardin se situait au 1er étage, sur une terrasse entre deux bâtiments, presque totalement à l’ombre en hiver, mais bien exposée en été. Entourée par deux murs peints en gris foncé sur les côtés, la terrasse emmagasine une chaleur importante en été. Les infrarouges rayonnent de partout, si bien qu’il fait encore chaud la nuit.
Le sol, c’est du béton, et au dessus est installé un plancher de lattes en bois. C’est plutôt joli et agréable à parcourir en été. Par contre niveau isolation des bâtiments, c’était pas ça. De nombreux problèmes de fissures et d’infiltrations, mais bon, moi ça ne me regarde pas et cela n’empêchait pas mon petit projet.
Cette terrasse, située entre les deux bâtiments d’habitation, était un endroit de passage fréquent pour de nombreux résidents qui rendaient visite à leurs amis de l’autre côté. Je dois reconnaître que je n’ai jamais eu de problèmes majeurs d’incivilités sur mon jardin, Dieu merci ! Parfois quelques cigarettes écrasées dans mes pots me foutaient évidement la rage, mais ce n’était cependant pas le quotidien. Pour éviter les tentations disgracieuses, j’avais placé quelques bocaux en verre pour leur signifier élégamment qu’il y avait une place pour toute chose, et cela marchait plutôt bien je dois dire 😉
+50°C en plein soleil !
Le plancher de la terrasse a toujours été assez chaud en été. Pieds nus ça pouvait même brûler ! Un jour je me suis demandé à combien pouvait bien monter ce plancher en plein cagnard. Je n’ai pas été déçu. J’ai utilisé un simple thermomètre à alcool. Résultat ? impossible de savoir précisément, car on dépassait le seuil maximum… on dépassait les 50 degrés au sol ! Digne d’un désert aride.
Ce qu’il se passe, c’est qu’à une telle température, presque toutes les plantes s’arrêtent de pousser. Pire : les racines se dessèchent et sont brûlées par la chaleur venant d’en bas. En pleine terre, de fortes températures sont moins graves, car les racines profondes restent au frais et trouvent encore de l’humidité. Il est évident qu’avec une telle fournaise, les plantes n’ont pas du tout apprécié.
J’insiste bien sur le problème de cette cuisson par le bas, car c’est le plus gros écueil que j’ai rencontré durant les étés. Ce phénomène est fréquent sur les terrasses exposées en plein soleil, donc attention où vous installez vos petites protégées… Certaines plantes ne se plaisaient qu’au printemps et à l’automne… d’autres n’y ont juste pas survécus, mais c’était plus rare. On reste quand-même sur des aromatiques, c’est costaud, faut pas oublier !
Exposition au vent
Comme la terrasse était logée enclavée deux bâtiments tout en longueur, je vous laisse imaginer que la seule perspective pour le vent, c’est de justement s’engouffrer en force dans la seule ouverture possible : la terrasse. En hiver lors des tempêtes, ça soufflait méchamment fort, croyez-moi ! J’ai eu plusieurs pots reversés, mais rien de grave pour les plantes, qui de toute façon hivernent à ce moment. Par contre des sièges remontés par les résidents ont été projetés sur la terrasse en contrebas, en passant par dessus la rambarde, et se sont cassés en mille morceaux, ce qui en dit long sur le souffle à cet endroit…
En été en revanche, le vent qui circule est moins fort mais dessèche rapidement les plantes, c’est loin d’être négligeable. Pour être tout-à-fait clair, cet endroit n’a jamais été pensé pour servir à autre chose que d’un lieu de passage, c’est très très dommage, mais c’est ainsi… L’implantation d’un jardin cosy improvisé comme celui-là correspond à la nature même de la vie sur Terre : opportuniste, audacieuse, polymorphe, téméraire et gouvernée par les lois divines.
Gestion rigoureuse de l’eau… ou pas…
Dans la configuration qui était la mienne, l’alimentation en eau a toujours été une question primordiale à la survie de mes petites protégées. La température excessivement élevée de la terrasse obligeait en plein été à un arrosage tous les 2 jours, et quotidien lors des canicules ! Cela vous amuse ? Vous avez raison, car ce n’est pas normal ! Un véritable jardin en permaculture n’a pas besoin d’être arrosé souvent, puisqu’il développe une résilience toute naturelle. Mais ce n’était pas de la permaculture, mais une zone d’expérimentation…
Chaque séance d’arrosage, au matin ou le soir, s’organisait comme un rituel, par bouteilles de 5L régulièrement remplies. Quel travail pour permettre la survie d’un jardin précaire ! En hiver, point d’arrosage, mais en été… au moins 50L par arrosage !
Le seul point positif, c’est que je ne payais pas l’eau. Oui je sais, c’est pas cool pour la résidence, j’en ai conscience, mais c’est comme ça. Après tout je rendais service à la communauté, même si tout le monde ne le remarquait pas.
L’hiver
L’hiver à Paris et sa banlieue, correspond à un climat semi-océanique, auquel se rajoute le phénomène d’ilot de chaleur urbain : en été la chaleur reste prisonnière du béton et la température a du mal à descendre la nuit. En hiver, il fait moins froid qu’à la campagne. Les hivers sont donc relativement modérés, mais pas forcément doux. La température ne descend pas trop bas, même si j’ai relevé à quelques occasions des -6°C.
Cette situation permet de faire pousser et de conserver d’une année sur l’autre des plantes vivaces mais gélives en dessous d’un certain seuil. La verveine citronnée est un bon exemple. Certaines n’ont pas résisté au -6°C mais la plupart survivent. Pensez à leur donner un pot d’une taille conséquente et à le couvrir de feuilles ou de draps afin que la terre gèle le moins possible. J’ai découvert dans le parc de Saint-Ouen une verveine d’une dizaine d’années, bien touffue durant l’été…
Combien ça m’a coûté ?
Oulalalala…. quand on aime, on ne compte pas les amis ! 🙂 Franchement, j’ai beau avoir gardé les tickets de caisse, je n’ai jamais eu le courage de faire le total ! En un mot : cher. Sans rire j’estime au nez que tout ce bazar m’a coûté… à la louche entre 600 et 800€. Cela peut sembler déraisonnable, mais les dépensent s’étendent sur 4 ans 1/2 et de nombreuses optimisations auraient pu être mises en place dès le début afin de limiter les coûts.
Quels sont les postes de dépenses ?
- le terreau, certainement la plus grosses dépense !
- les pots, pas donnés même si c’est en plastique. Les pots en terre cuite sont moins chers
- les plantes, prix variables suivant les jardineries
- les graines pour les semis, si vous en faites. C’est globalement très économique de semer soi-même
- des amendements organiques éventuels pour pallier l’appauvrissement progressif du substrat
La vie du jardin
Se fournir en matières premières
Un de mes problèmes était de subvenir au besoin de matières premières, à savoir les plantes, les pots et le terreau. Bon, les plantes, ça va, entre les jardineries, les foires expo bio de Paris, les plantes ramenées de chez les parents, ce n’était pas vraiment le plus compliqué… quoi que, avec les transports parisiens, tout devient compliqué malgré tout ! 😉
En revanche, il est difficile de faire pousser des plantes sans terreau ni pots ! Pour cela, je m’organisais quelques missions jardinerie pas trop loin de chez moi, avec au retour un sac de 50L de terreau de potager sur le dos, dans mon sac de rando… sportif. Mais bon, quand sait ce que l’on veux, on va jusqu’au bout ! J’avoue que parfois j’ai bien bien transpiré, mais bon voila, c’est la vie… il faut savoir entreprendre des choses et s’investir. Je préfère encore cela à supporter le RER B en pleine canicule !
Le problème des grandes agglomérations, c’est qu’il est plus compliqué de se procurer certaines matières premières utiles en permaculture, comme par exemple :
- pas de bottes de paille pour protéger la terre ou réaliser une culture en lasagne
- pas de fumier de cheval, mouton, etc.
- compliqué d’obtenir des bûches de bois un peu décomposées
- il faut connaitre du monde ou ne pas hésiter à demander pour avoir des feuilles, branchages, ou matériaux de récupération pour le jardin
Dans mon cas, je ne pouvais pas mettre de bac en place, car concrètement je ne savais pas combien de temps j’allais rester dans la résidence, et je n’avais pas trop le droit de construire « gros ».
Comment tout cela s’est organisé…
Je n’ai rien vraiment planifié à vrai dire. J’ai commencé par occuper le rebord de fenêtre avec les « basiques » du commerce : thym, romarin, origan, menthe… et puis j’ai colonisé progressivement la terrasse, en diversifiant les variétés. Au départ je ne connaissais rien, je suis parti pratiquement de zéro. Je n’aurai jamais cru en accumuler au point de devoir faire attention à laisser un passage sur la terrasse !
Planter serré
Par manque de place dans les pots, je devais optimiser autant que possible l’espace disponible, c’est-à-dire concrètement : planter serré. Personnellement, je suis de toute manière un adepte de ce principe. Dans la nature, les plantes se font concurrence pour obtenir le plus de lumière possible, cela n’a rien de choquant. De plus, en cultivant de manière étagée, donc avec intelligence, chaque plante se retrouve dans une position qui lui est favorable. Sans parler des interactions entre plantes compagnes, qui sont d’autant plus importantes lorsqu’elles ne sont pas situées en pleine terre.
Exemple
Un exemple simple : j’ai rempli un bac avec tomates, fraisiers, basilics. Les fraises occupent le sol, le basilic monte un peu au dessus, les tomates arrivent au sommet et font un peu d’ombre (mais pas trop) aux autres. Ces plantes ne se gênent pas du tout en réalité, leur système racinaire reste limité et dans la nature, toutes les racines se côtoient ! Tant que vous n’installez pas d’ennemis ensemble, tout va bien. Le seul vrai problème vient de la consommation en eau plus importante, car forcément elles ont toutes besoin de boire à des degrés variés !
Le sol est paillé pour éviter le contact des fraises avec la terre (mais bon de toute façon elle ne restait pas humide bien longtemps…). La terre ne doit pas rester à nu, sinon elle forme une croûte imperméable. Planter serré va dans le sens du recouvrement du sol.
Le départ…
Séquence émotions. Un jour, il a bien fallu quitter la résidence, hein, je n’allais pas passer toute ma vie ici ! 😉
Je suis donc parti en juin 2019, avec mes petites affaires… et mes plantes bien évidement 🙂 Seule ombre au tableau qui m’a tracassé : impossible de tout sauver. Certaines allaient devoir rester sur place… et forcément périr vu la chaleur de l’été !! (en hiver j’aurai pu m’arranger pour en récupérer une partie au printemps) Petit déchirement pour celles qui m’avaient accompagné quelques années et apporté du réconfort dans la jungle urbaine…
Par chance, et grâce à un montage astucieux dans la camionnette de location, nous avons pu sauver un maximum de plantes. J’ai donc privilégié celles qui comptaient le plus à mes yeux. Les plus anciennes, les warriors, car en dehors de l’attachement, se sont les plus adaptées à un climat hostile. Les plantes vivaces qui grandissent d’années en années, surtout celles dont j’adore l’odeur et la présence. J’ai du me résigner à laisser à leur sort les annuelles (basilic, coriandre…) et celles que je retrouverai facilement en jardinerie (thym, romarin, lavande…)
J’ai sacrifié les fraisiers, qui de toute façon avaient 3 ans d’âge et ne produisaient plus autant qu’auparavant. Les plantes en x exemplaires, même si je les aimaient bien, et puis les moches… Les plantes « invasives » comme la tanaisie et l’absinthe se sont de toutes façon ressemées un peu partout dans mes pots donc voila…
Ce que m’a appris cette expérience de jardinage pas comme les autres
Si j’avais su dès le début que je resterait 4 ans 1/2 à cet endroit, j’aurai résonné et organisé différemment les choses. Mais comme on ne peut deviner l’avenir, j’ai construis pot par pot mon jardinet en terrasse, en voyant petit au début, puis de plus en plus gros suivant mes envies, avec les erreurs qui accompagnent l’improvisation. Je vais donc vous transmettre des conseils qui pourront vous aider, si vous vous retrouvez actuellement (ou prochainement) dans une situation du même type, avec une terrasse, ou beaucoup plus souvent avec un balcon de quelques m².
Le volume des pots
Il y a un proverbe qui dit : plus c’est gros, plus c’est bon. En ce qui concerne les plantes, c’est vrai, plus vos pots seront volumineux, plus les plantes seront à l’aise, donc leurs besoins satisfaits, et de fait produiront davantage. En fait, ceci est vrai pour les plantes avec des racines profondes et/ou d’un volume important.
Ce que j’aurai du faire dès le début, c’est acheter de grosses barquettes. Des barquettes du genre 40L, capables d’héberger plusieurs plantes avec un espace racinaire convenable. Cela, je ne l’ai pas fait, pourtant ça aurait été un sacré avantage… alors n’ayez pas peur : achetez des pots/jardinières volumineux dès le début ! Cela coûte plus cher sur l’achat du contenant, de la terre, mais au final vous serez très très gagnants, je vous l’assure !
La gestion de l’eau
La gestion de l’eau est le grand point faible de cette configuration ! Plusieurs raisons à cela :
- Les plantes, cloisonnées dans de petits volumes, on moins « d’inertie thermique », c’est-à-dire qu’elles qu’au vu de la petite masse de terre du pot, elles en deviennent sensibles aux variations de températures : la terre peut geler totalement en hiver, mais aussi se dessèche assez rapidement en été.
- Le fait de se situer dans des pots ne leur accorde pas autant d’eau de pluie qu’en pleine terre, la surface de collecte étant plus petite. En hiver, ce n’est pas un problème, mais en été ça l’est vraiment.
- La terre en pot finit toujours par durcir et se rétracter en cas de sécheresse, du coup, lorsqu’on arrose… l’eau coule sur les côtés, c’est très chiant. L’astuce, c’est d’installer des coupelles.
- La pleine terre transpire, surtout avec un sol vivant où l’eau « remonte » naturellement. Il y a presque toujours une petite rosée le matin. Avec des pots, ce phénomène est très limité, voire inexistant.
La plupart des plantes se retrouvent dans une situation de vulnérabilité et de stress hydrique si on oublie l’arrosage en plein été, du coup, je n’ai pas lésiné sur les arrosages ! Peut-être trop certainement, mais bon…
Maintenir une terre vivante
Lorsque qu’on travaille en pot, la vie n’est pas aussi abondante (à part les pucerons bien sûr, mais ça c’est un autre problème…). Le terreau de jardinerie est un substrat pour les cultures, qui apporte plus ou moins de nutriments au passage, suivant sa nature et sa qualité.
Perte de nutriments
Un des plus gros problèmes des pots, c’est la perte progressive de minéraux et de nutriments, du fait des arrosages, qui dans mon cas étaient de facto forcément trop répétés. Petit à petit, la terre est délavée et finit par perdre en qualité, je pense que cela était le cas au bout de quelques années. Pour cela, rien ne remplace l’adjonction d’un beau terreau bien fait !
Compost
Je ramenais un peu de compost (toujours dans mon sac à dos en mode guerrier) au retour de chez mes parents, en province, avec jardin et tout ce qu’il faut. Le compost apporte des nutriments à une terre appauvrie, mais surtout, il apporte la vie et les micro-organismes utiles à un bon équilibre de la terre. En premier lieu, les vers de terre ! Eh bein oui ! S’il y a bien une chose qui manque dans nos pots, se sont les verres de terre ! Ils permettent d’aérer le pot et de mélanger les nutriments et d’homogénéiser s’il y a plusieurs couches.
Le compost ramène de nombreux insectes utiles, mais aussi… des limaces ! Bon, relativisons, elles n’ont pas fait énormément de dégâts, bien que je les avait à l’œil lorsque j’installais de jeunes plants ou des semis. Les limaces sont elles aussi utiles, car elles dévorent en premier les feuilles tombées, matières mortes, les insectes morts, etc. et leurs déjections vont à leur tour nourrir la terre.
Paillage
J’ai procédé à un léger paillage sur la surface de la plupart des pots, quelques 3-4 centimètres qui n’ont forcément pas autant d’impact qu’une bonne couche de 20, 30 ou 40 cm. Une couche épaisse sur le sol en plein champs ou dans un jardin, lui évite le dessèchement, l’érosion, empêche l’installation d’adventices, mais aussi nourrit la terre par sa décomposition au fil des saisons.
Sans surprise, avec seulement quelques centimètres, c’est surtout… décoratif. Mais moi j’adore. Même avec une couche plus épaisse cela n’aurait pas changé grand chose. La terre se dessèche par les côtés et par le bas… Le paillage prendrait un peu plus de sens avec un bac de taille plus importante.
La terrasse de l’extrême
Vous avez pu vous rendre compte au travers de mon partage d’expérience que dans mon cas, les conditions pour un jardin serein n’étaient pas du tout optimales, c’est le moins que l’on puisse dire. Pourtant, avec de la ténacité, de la motivation, du temps passé, mais aussi des petites mains gentilles pour arroser en cas d’absence prolongée en été, il est possible de profiter d’un beau jardin en conditions hostiles.
Si j’avais su…
Le temps des regrets ne doit pas durer longtemps, il faut savoir rebondir ! Cependant, qu’est-ce que j’aurai fait différemment si j’avais su…
- Que je resterai 4 ans 1/2 au même endroit, sans déménager
- Que je pourrais librement installer un jardin à cet endroit (alors que normalement ce n’était pas autorisé)
- Que les grands bacs sont clairement un avantage notable pour le développement des plantes et leur arrosage
- tout ça tout ça…
Et bien j’aurai :
- acheté sans me restreindre dans un premier temps aux plantes « basiques » que tout les jardiniers en herbe font pousser, les autres ne sont pas plus difficiles, loin de là
- acheté d’énormes bacs, ce qui m’aurait fait gagner en arrosages, en entretien, et pas de problèmes de rempotages annuels
- agi davantage et moins dans les demi-mesures : à vouloir faire des économies, parfois on fait tout le contraire
- semé à volonté, en forçage sous une mini-serre = économies d’argent importantes
Ces conseils sont à peine dissimulés évidement 😉 Ne vous limitez pas bêtement lorsque vous installez un jardin… même en pots ! En fait, surtout en pots, puisque vous pourrez repartir avec ailleurs.
Bonus : j’ai une terrasse ET un jardin, que faire ?
Admettons que vous viviez en maison, avec un petit espace vert chez vous ou un jardin tout simplement. Que mettre en pot ? En pleine terre ? Cette question mérite largement de se poser !
Déjà, si vous êtes locataire pour une durée limitée, utiliser des pots et des bacs transportables me semble la solution la plus logique. Vous pourrez repartir avec le moment venu. Cela évite de tout devoir reconstruire à chaque déménagement et de conserver longtemps les plantes vivaces qui prennent du volume et deviennent de plus en plus belles avec les années.
La question de la nature et de la qualité de la terre doit se poser. Si la terre du jardin est mauvaise, pauvre ou que vous la pensez polluée par des produits chimiques, orientez-vous plutôt vers une culture en pots. Rien n’empêche bien sûr de soigner la terre et de la rendre de nouveau vivante, mais ce n’est pas le sujet du jour…
L’avantage du pot, c’est de pouvoir choisir un terreau qui conviendra au mieux par rapport à telle ou telle plante.
Le dilemme de l’hiver
Les plantes en pots peuvent être rentrées en hiver, ce qui permet de préserver celles craignant le gel. Gros avantage. En région froide, on peut donc rentrer sa verveine citronnée et la laisser à la fenêtre dans une pièce fraîche ! Mais attention au manque d’espace à la maison en période froide, car il faudra leur réserver une fenêtre et souvent une température à 10-15 degrés pour une hivernation optimale, ce qui peut vouloir dire une pièce à part ! Autant que possible, laissez vos plantes passer l’hiver dehors. En respectant leur rythme, elles se porteront bien mieux, c’est un bon conseil 😉
Parfois, la reprise peut être longue au printemps… soyez patient avant de jeter une plante d’apparence morte, croyez-en mon expérience, certaines plantes peuvent vous surprendre ! Mes verveines ont redémarré seulement début mai cette année… (en région parisienne elle redémarraient mi-mars !)
Ne rentrez donc que les plantes qui craignent vraiment le froid, dont vous êtes certain qu’elle ne passeront jamais l’hiver dehors. Les annuelles sont dans tous les cas destinées à mourir, comme la célèbre tomate, c’est leur cycle de vie. Renseignez-vous bien ! Soyez attentifs aux températures et interrogez les gens du coin sur le climat local, si vous venez juste d’emménager.
Mes conseils
S’il n’y avait que quelques conseils simples à retenir dans le cadre d’un jardin en pot, je vous donnerai les suivants :
- disposez vos plantes en fonction de l’ensoleillement propre à chaque espèce
- arrangez-vous pour associer dans les mêmes bacs, des plantes compagnes entre elles… et jamais de plantes qui ne s’aiment pas !
- utilisez des pots et des bacs les plus gros possibles, OK ?
- quand une plante végète, c’est qu’elle ne se plait pas dans le contexte où vous l’avez placée. Réfléchissez à tous les facteurs : ensoleillement, nature de la terre, arrosage, saison de plantation… la solution est rarement loin !
- n’hésitez pas une seconde à déplacer une plante qui ne se plait pas à un emplacement, déterrez-là le plus délicatement possible et replantez-là ailleurs. Elle peut repartir assez vite
- inspectez les racines, assurez-vous que chaque plante dispose d’un pot suffisant, sinon elle ne grandira pas ou peu. Beaucoup de plantes se limitent en cas de manque d’espace racinaire
- attention aux arrosages : ni trop, ni pas assez. C’est un des points les plus difficiles à gérer !
- trouvez le juste milieu entre la réflexion sur le plan d’organisation et l’action : on réfléchit oui, mais pas trop, mieux vaut agir, se tromper, et rectifier par la suite que de se prendre la tête pour rien !
- limitez les coûts : récupérez et échangez tout ce que vous pouvez. Pots, plantes, graines, terreau…
- aimez vos plantes ! Sinon oubliez simplement l’idée de faire un jardin !
Pour aller plus loin
Si vous êtes intéressé par l’aménagement d’un jardin en balcon, je vous recommande la lecture d’un ouvrage très intéressant et formateur sur le sujet : le guide de la permaculture urbaine chez Terre Vivante.